dimanche 20 mai 2007

Sidibé et Gakpara en spectacle au CCF le week-end passé

Sidibé et Gakpara en spectacle au CCF le week-end passé

Décidément, Alassane Sidibé se confirme et s’affirme dans son art. L’homme a plusieurs facettes mais ce soir du 19 mai au CCF, il a tout fait (conté, chanté) sauf jouer du djémbé comme à l’accoutumée. Il n’a pas pour autant, moins accroché. Les deux histoires contées se mariaient si harmonieusement avec sa tenue de scène relevée artistiquement d’une calebasse à la main … à la sahélienne. Rien n’était fortuit. Sidibé parle du mariage comme condition sine qua non du bonheur et comme par hasard, le voici, racontant, chantant et dansant en boubou bicolore bleu blanc, couleurs du mariage. Il ne manquait plus que le rose.
Vivace ! Voici le qualificatif qui convient à cette prestation qui, prévue pour être un prélude, a, en réalité été par elle-même un spectacle entier. En tout cas, le conteur a préparé le public en lui insufflant une atmosphère de détente évidente.
Quand tout de suite après, Frédéric Gakpara fit son entrée sur scène, l’air grave conformément à ses habitudes, il fut accueilli dans une ambiance de gaieté engendrée par ailleurs par ce qui, dès ses premiers spectacles, est devenu un peu comme son slogan : « Zondé ! zondélo ». Le public était, avec lui, coacteur. C’est justement là, l’une des caractéristiques du théâtre libertin dont la mission, essentiellement, est de réhabiliter le concert party, théâtre populaire qui a connu dans notre pays ses moments de gloire avec des comédiens comme Kokuvito, Azé et autres, mais est aujourd’hui en voie de disparition. Gakpara prend sur lui de ressusciter ce genre tout en lui donnant une forme nouvelle, à cheval entre l’oralité et l’écriture. Sa démarche répond au souci de se démarquer du théâtre élitiste pour rendre l’art dramatique plus accessible. Le spectacle du week-end dernier intitulé « La charcuterie de la république 2 » s’inscrit dans la suite logique de la série de sketches regroupés sous le nom de « La charcuterie de la république » et qui existe déjà d’ailleurs en version imprimée et sur CD.
Le décor est invariablement celui d’un étalage où sont exposés des objets hétéroclites. L’exposition est frappée de l’inscription : « Missé bazar man ». Une manière pour Gakapra d’annoncer l’esprit du spectacle qui plonge d’emblée le spectateur dans une ambiance de marché avec des interpellations de vendeurs à la criée d’objets de tous genres. Le charcutier vend en effet un peu de tout : slips, seaux, pièces détachées usées, amuse gueules, boissons locales… Dans la « république », les sujets « charcutés » sont tout autant variés : l’Afrique en brève, premier anniversaire de l’éclipse, l’argent de Dieu… Pour concocter son « quotidien indépendant d’informations et d’analyses », le comédien s’inspire de l’actualité politique, sociale, économique… du Togo et du monde et s’exprime dans un style caricatural où le public reconnaît aisément des personnalités politiques.
Le rire était donc au rendez-vous. Mais dans un spectacle, fut-il théâtre libertin, le rire est-il vraiment tout ? Ceux qui ont vu « La charcuterie de la république » (1) sont habilité à apprécier. L’artiste doit veiller au grain pour maintenir le niveau, même si comme il l’estime, son public, c’est tout le monde. Trop de liberté peut faire tomber dans la vulgarité et cela ne ressemble pas du tout à Frédéric. De toutes façons, félicitations et surtout courage pour l’effort supplémentaire ! « La charcuterie de la république2 » n’a pas été que parole. L’humoriste, depuis quelques temps, chante et danse aussi ses parodies et ce n’est jamais facile se combiner les talents. « Cumul de fonctions », caricaturerait-on. Pour l’accompagner ce samedi dans sa « charcuterie de la république », l’orchestre des « sous muets », comme il les appelle.
Nathalie AKAKPO

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